Presentation à la Galerie SEE marais du 29 janvier 2025 au 29 mars 2025











ET INCARATUS EST 1 2
Projet Syncrasie 3
Abigail Auperin nous ment.
Le réel, la fiction, le mensonge, tout ici est mêlé, intriqué, noyé…
Elle vole le feu aux Dieux pour nous l’offrir. Elle forge son propre mythe, falsifie l’Histoire et les faits pour créer la sienne.
C’est à cet endroit même que nous invite Abigail Auperin.
Avec Et Incarnatus est elle se pose en Prométhée, enfreint les règles, nous entraine dans les savoirs millénaires, les sociétés secrètes, les assassinats, la robotique, la symbiotique : une immersion en science fiction par le prisme photographique.
Ce faisant, elle redonne vie à la syncrasie, à l’être autonome, singulier, unique tout autant que multiple. Elle délie les chaines qui entravent, asservisse.
Elle nous offre le feu, l’interdit.
Et si son entreprise élimine l’organique c’est pour mieux incarner l’essentiel : l’Ame.
Se faisant, elle convoque d’illustres influences, qu’elles soient esthétiques où conceptuelles. On pense notamment au cinéaste David Lynch ou encore David Cronenberg dans ses atmosphères qui relèvent d’un univers fantasmagorique, onirique et surréaliste.
1 « Et incanratus est » terme latin que nous pouvons traduire par : « Il est incarné », I Love Translation, Source
internet, 2025
2 « Et incarnatus est » apparait aussi dans l’œuvre de Jean- Sébastien Bach, -1885/1750-, dans La Messe en si
mineur, composition entamée en 1724 et achevée en 1749.
« Et Incarnatus es »t constitue de première des trois parties composant l’œuvre, Bach-cantatas.com, Source
internet, 2019/2024
Mozart, -1756/1791-, à son tour d’ « Et Incarnatus est » un des témes majeurs thème majeur de l’un de ses
plus grands chef-d’œuvre : La Grande Messe en ut mineur » achevée en 1783, Bagnoud Jacques, Terre de
compassion, Source internet
Il est également à noter que le theme fut également utilisé plus tardivement par Ludwig von Beethoven, -
1770/1827-, dans la « Missa solennis » composée autour de 1820, Nathhex, Source internet, 2024
3 Syncrasie : nom féminin désignant une disposition qui fait que chaque individu réagit de manière qui lui est
propre aux divers agents extérieurs, Cordial dictionnaire, Source internet, 2019
Qu’est qui relève du factuel ? Qu’est qui relève de la fiction ?
Son travail depart sa nature conceptuelle génère un écart inframince entre le Vrai et le Non-vrai.
Ce concept d’Inframince fut mis en pratique puis théorisé par Marcel Duchamp 4 en 1919 dans son œuvre Air de Paris qui consistait à enfermer l’air de la ville de Paris dans une fine fiole de verre scellée, puis d’offrir la dite fiole à l’un des ses amis à New-York. Ainsi, avec la fine couche de verre séparant l’air de Paris et celui de New-york s’opère un écart infime appelé inframince 5 .
Concernant ce rapport au réel, il est également plus que curieux que la bande son accompagnant l’exposition soit signée par une obscure formation electro-pop dont le nom est Synchrasie et que ce morceau serait leur unique enregistrement connu à ce jour.
Plus troublant encore : les membres du groupe ont tous les trois été mystérieusement assassinés en 2022 sans que le ou leurs meurtrier(s) aient été identifiés.
Alors oui, Abigail Auperin nous ment, mais jusqu’à quel point ?
4 Duchamp Marcel, 1887/1968, Peintre et plasticien français d’avant-garde reconnu pour être l’un des acteurs
majeurs de l’Art au XXème siècle.
Son influence reste aujourd’hui majeure notamment chez des artistes mondialement connus comme Jeff
Koons.
5 « L’inframince peut être défini comme une sorte de 4 ème dimension qui répond à des conjonctures que les
savants, au début du XXème siècle, à la pure abstraction mathématique. Chez Duchamp, il se manifeste . à
travers de subtils écarts et d’infimes différence{…] . Lorsque la forme artistique est poussée à une telle limite
perceptuelle, c’est tout le système des différences qui doit se mettre au travail/ L’expérience esthétique est
alors plus que jamais active, Davila Thierry, De l’Inframince, Brêve histoire de l’imperceptible, de Marcel
Duchamp à nos jours, Editions du regard, 2019
Nicolas SAYOUS


Le propos de la série Et Incarnatus Est est de mettre l’humanoïde en situation parmi les humains, ekphrasis perpétuelle de l’inanimé dans les territoires de l’âme. Le vitrail pousse cette logique à sa limite, et met en question tout acte de création ou d’imagination. Les arts photographiques notent la limite entre êtres engendrés ou synthétiques. Rien ne différencie l’humanoïde vitraillé d’un humain vitraillé. À rebours, quand nous imaginons l’humain, qui nous garantira que nous n’imaginons pas seulement ce qui en a la forme. Si l’Humain n’existait pas encore, qui nous garantira, quand nous l’aurons créé, que nous n’avons pas créé l’Humanoïde ?
Antoine Villard